Depuis 2020, le Conseil d’État choisit chaque année un Vacherin Fribourgeois AOP et un Gruyère AOP pour être servis lors de ses apéritifs officiels. En 2025, c’est Pierre-Alain Uldry, de la Laiterie de Pont-la-Ville, qui a remporté le Prix pour le Vacherin Fribourgeois AOP. Une belle récompense à une année de transmettre le témoin à son fils Maxime et sa belle-fille Zoé.
Depuis le lancement du Prix du Conseil d’État, le Vacherin Fribourgeois AOP fabriqué par Pierre-Alain Uldry et sa famille à Pont-la-Ville a presque toujours été présélectionné grâce à ses excellents résultats aux taxations : « Je dois dire que j’avais toujours ce prix dans un coin de ma tête. Je me disais que ce serait une belle récompense de le recevoir pour notre production de Vacherin Fribourgeois AOP ou de Gruyère AOP avant de passer la main à mon fils et sa compagne. »
Avant de devenir gérant de la Laiterie de Pont-la-Ville, Pierre-Alain effectue son apprentissage de 1983 à 1986. Puis, il passe deux saisons à l’alpage, d’abord au Motélon puis à la Valsainte : « Se retrouver à 19 ans responsable d’un alpage et de deux employés sans que le patron soit présent, ça t’apprend la vie. Et sans moyen de communication moderne », rigole-t-il. Il se remémore alors les fois où il devait descendre à pied du chalet d’alpage jusqu’à la Pinte du Pralet Motélon juste pour téléphoner. Une véritable école de vie qu’il a adorée et dont il garde de précieux souvenirs, comme ces photos où on le voit autour du chaudron en train de fabriquer du Vacherin Fribourgeois.
Il fait ensuite l’Ecole de laiterie à Grangeneuve, l’équivalent du brevet à l’heure actuelle. Puis, en 1991, il commence à travailler à la Laiterie de Pont-la-Ville, alors tenue par la Famille Friedli. En 1993, il passe sa maîtrise. Et quelques années plus tard, le 1er mai 1996, il reprend les rênes de la laiterie aux côtés de sa femme Chantal avec qui il aura trois enfants. Dans une année, pile trente ans après, ils transmettront le flambeau à leur fils Maxime et sa compagne Zoé, tous deux maîtres fromagers. Comme ils n’auront pas encore officiellement l’âge de la retraite, ils continueront à travailler en tant qu’employés : « Je suis très heureux que la Société de Laiterie ait choisi Maxime et Zoé comme repreneurs et me réjouis de les voir à l’œuvre. »
Quelle belle consécration donc, que son Vacherin Fribourgeois AOP ait été primé par le Conseil d’État. « Quand Philippe Caille, responsable contrôle et qualité de l’IPVF, m’a appelé pour m’annoncer la nouvelle, c’était fabuleux ! » En décembre 2024, la Laiterie reçoit donc la visite officielle de Jean-François Steiert pour la remise de cette distinction : « Le canton de Fribourg veut être la référence agro-alimentaire en Suisse, et par un geste comme celui-ci, ça se voit qu’il s’en donne les moyens. Cela montre l’attachement de notre canton au terroir. » Le lauréat a été encore plus touché de voir que c’était le Président du Grand Conseil lui-même qui se déplaçait. Pour célébrer la remise du prix, il a invité le comité de la Société de la Laiterie ainsi qu’une délégation de la commune : « C’est sympa dans un petit village comme le nôtre, tout le monde se sent touché. »
Mais quel est le secret pour produire un Vacherin Fribourgeois AOP d’une telle qualité ? « L’excellente qualité du lait et la rigueur sont bien évidemment des facteurs-clés, mais ce n’est pas tout. Ce qui me parle beaucoup, c’est le respect. Le respect du produit en lui-même, mais aussi le respect mutuel avec nos producteurs de lait ainsi que le respect de nos traditions. Malgré les guerres et les changements dans notre monde, le Vacherin Fribourgeois AOP est toujours là. Il a traversé les temps, a permis et permet toujours à de nombreuses personnes de vivre. Et ça, je pense qu’il ne faut pas l’oublier. » A la laiterie de Pont-la-Ville, la production de Vacherin Fribourgeois AOP est de 10 tonnes par année.
Depuis quelques temps, Pierre-Alain a rejoint les rangs de CASEi, société active dans les domaines du conseil et du contrôle des présures. Il se rend plusieurs fois par année à l’alpage pour conseiller les alpagistes : « Ça me plait beaucoup. Je me mets en quelques sortes à disposition de ce qui m’a fait vivre jusqu’à aujourd’hui. » Et si ce n’est pas pour le fromage qu’il va à la montagne, c’est pour son plaisir. Lorsqu’il arrive à se libérer, c’est sac au dos et chaussures aux pieds qu’il part crapahuter dans les montagnes gruériennes qu’il connait par cœur.