Ces dernières années, de plus en plus de filles se lancent dans un apprentissage de technologue du lait. Cependant, encore très peu de femmes sont à la tête de leur propre fromagerie. Dans notre filière, la première et seule à ce jour s’appelle Daniela Weber et tient la fromagerie de Guin depuis le 1er janvier dernier. Originaire de Innerberg dans le canton de Berne, elle est aujourd’hui fière de fabriquer du Vacherin Fribourgeois AOP et souhaite le faire découvrir au-delà de nos frontières cantonales.
Âgée de 27 ans, Daniela Weber tient la fromagerie de Guin depuis le 1er janvier dernier, après y avoir déjà travaillé durant six mois en tant qu’employée d’Olivier Bongard. Originaire du petit village de Innerberg, dans le canton de Berne, et venant d’une famille d’agriculteurs, elle est tombée amoureuse du métier de technologue du lait lors d’un stage dans la fromagerie d’Amsoldingen, près de Thoune : « J’ai toujours su que je voulais faire un métier avec mes mains. J’ai également fait des stages de boulangère, de cuisinière et même de maréchale-ferrante. Mais technologue du lait était ce qui se rapprochait plus du domaine de l’agriculture d’où je viens. Enfant, j’ai aussi passé des vacances en alpage à fabriquer du fromage. C’est quelque chose que j’ai toujours aimé. »
Elle a ainsi réalisé son apprentissage à Amsoldingen et, après y avoir travaillé encore une année, elle est partie à Sursee suivre les cours pour passer son brevet : « J’ai ensuite été employée de 2017 à 2020 à la fromagerie de Oberwil bei Büren, avant de retourner à l’école à Sursee durant quatre mois pour les cours de préparation à la maîtrise. » C’est à la tête de la fromagerie de Wünnewil, reprise en 2020, qu’elle a obtenu son diplôme. Avec le projet de construction d’une grande et nouvelle fromagerie à Friesenheid, regroupant celles de Schmitten, Bösingen et Wünnewil, Daniela Weber a dû quitter son poste l’été passé. C’est à ce moment-là qu’elle a rejoint l’équipe d’Olivier Bongard, à Guin, en tant qu’employée pendant six mois, avant d’en reprendre les rênes depuis le début de cette année.
C’est depuis juillet 2022 que Daniela Weber fabrique du Vacherin Fribourgeois AOP pour la première fois : « Nous n’en faisions pas à Wünnewil et je n’avais pas fait de demande de quotas. Aujourd’hui, nous sommes encore en phase de test et pouvons produire au maximum huit meules par jour. » La fabrication de Vacherin Fribourgeois AOP est une grande fierté pour elle : « Ce fromage fait partie du patrimoine du canton, c’est le seul qu’on ne peut fabriquer qu’au sein des frontières cantonales. » Elle vend sa production elle-même, notamment dans son magasin de Wünnewil, qu’elle a choisi de garder.
Très heureuse à Guin, Daniela Weber souhaite y rester sur le long terme. Elle garde tout de même de très bonnes relations dans son canton d’origine de Berne et souhaite pouvoir y faire découvrir le Vacherin Fribourgeois AOP à la coupe : « Je fournis déjà la fromagerie d’Amsoldingen, où j’ai fait mon apprentissage, et il est très apprécié. À l’avenir, j’aimerais pouvoir fournir encore d’autres fromageries du canton de Berne et leur faire découvrir que le Vacherin Fribourgeois AOP se déguste autrement qu’en fondue. »
Avoir sa propre fromagerie, cela a toujours été un objectif pour Daniela Weber : « Déjà quand j’étais en apprentissage, je disais que c’était mon but d’ici mes 25 ans. Cela a toujours été mon but et c’est ce que j’aime. » Une source de motivation pour Daniela Weber était de montrer que les femmes pouvaient aussi être à la tête d’une fromagerie : « Il y a de plus en plus de femmes dans le métier, mais elles sont encore peu nombreuses à avoir un poste à responsabilités. Mon maître d’apprentissage m’avait dit à l’époque que les femmes avaient plus de travail à faire que les hommes pour être prises au sérieux et respectées. Au lieu de me démotiver, cette remarque m’a encore plus donné envie de montrer que je pouvais le faire. »
Pour toutes les femmes qui aiment ce métier, Daniela Weber leur conseille de croire en elles et de faire ce dont elles ont envie, sans écouter ce que disent les autres : « Il faut toujours avoir ses objectifs en tête, savoir ce qu’on veut atteindre et suivre cela. » Si les pays qui nous entourent comptent bien plus de femmes dans le métier que la Suisse, les choses commencent à bouger dans notre pays : « Une nouvelle association, « Femmes Fromagères », a été lancée le 8 mars dernier, pour soutenir et promouvoir les femmes dans la branche. C’est une très belle initiative, soutenue par Fromarte. » Daniela souhaite d’ailleurs pouvoir elle aussi aider et soutenir d’autres femmes qui souhaitent avoir leur propre fromagerie.